Lundi 1/10

 

Christine et Pascale viennent me chercher à la gare. Pascale s’excuse mille fois d’avoir pris une trop petite voiture au vu de ma si grosse valise. A trois, nous escaladerons lourdement les marches de l'escalier qui mène au gîte du Clos de la Bouteille.

Rencontre avec Loulou, le chat noir (comme l’œil de la proprio qui vient de faire une chute à vélo).

Puis, un pot à l’Alibi avec Christine et Pascale qui boiront leur première Achouffe : résidente belge oblige. De nombreux étudiants en blouses grises (les bleus) sont assis, trop calmes. L’un d’eux se promène avec un tuyau… Un chat tigré est assis sur le zinc.

Première nuit au son de la ventilation de la salle de bain (qui sera coupée à ma demande à partir du lendemain).

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Mardi 2/10

 

Balade vers le petit port de la Cale de la Savatte (et dégustation d’une "savatte", un pain aux tomates séchées et à l’huile d’olive). Sous le pont, un tag chiasse à cours qui me ramène à penser au massacre intolérable de centaines de porcs sains, en Belgique, suite à la menace de peste porcine.

Repérage du Théâtre le Quai, son restaurant sur le toit, vue sur Angers, sur la forteresse imposante.

Vers le parc Balzac, une mer de « populage des marais » en bord de quai. Le « Héron carré », une guinguette qui a l’air sympa.

 

Un panonceau indique que : Le black-bass en No-Kill, une pêche sportive avec un poisson originaire d’Amérique du Nord. Le commentaire : sa recherche est particulièrement attractive et sa défense vigoureuse. Les modes de pêches sportifs pour capturer du black-bass sont multiples et variés, sa recherche du leurre adéquat, sa traque, son attaque et enfin sa combativité en font un poisson de sport par excellence. Le jour où quelqu’un décidera que je serai une « femme de sport », cela n’augurera rien de bon.

 

Une armée de femmes (dont un homme) avec poussettes. Cela me fait toujours peur quand elles sont en groupe, avec tous les "accessoires" associés au bébé (car, à notre époque, il faut absolument avoir le matos, sinon ce ne serait pas tout à fait un vrai bébé). Un bel espace vert en bord de Maine, mais d’où l’on entend, et voit, le pont de l’autoroute.

 

Vernissage de l’expo Ecrire les autres, écrire le monde, consacrée à Emmanuel Guibert (Ariol, les Sardines de l’espace, Le photographe), le soir, au Grand-Théâtre.

Je suis présentée à un barbu de La boîte qui fait beuh (BD).

 


 

Mercredi 3/10

 

En sortant du gîte, je croise Marie-Hélène, la femme de ménage, tout sourire. Elle me raconte qu’elle adore lire et que, si elle avait une seconde vie, elle serait écrivain.

 

-          C’est un beau métier !

 

Je réfléchis et j’opine. Là, oui, en cette journée ensoleillée, en résidence, à Angers, c’est effectivement un beau métier. J'aurais pu lui dire qu’il ne faut pas attendre une seconde vie. Jamais. Elle me confie que Néhémy écrivait dans son lit (ce que ne confirmera pas Néhémy). Je lui rétorque que Dany Lafferrière écrit dans sa baignoire (rose). Enfin, c’est ce qu’il raconte. Moi, qui écris la journée, assise, devant mon ordinateur, sans rituels particuliers, je serais plutôt du genre « classique ».

 

Je marche au hasard, traverse le pont Verdun, monte. Un congolais m’interpelle. Il fait la grève de la faim depuis le 1er octobre, dort dans la rue, et me demande de signer une pétition pour obtenir ses papiers. Il milite pour qu’on arrête la déforestation de son pays et pour offrir aux congolais des bonbonnes de gaz (il dit que c’est « le moins pire ») pour cuisiner, au lieu d’utiliser leurs ressources, notamment des arbres fruitiers. Il a affiché des photos et des textes sur le mur derrière-lui.

Du côté du musée des Beaux-Arts, le visage déchiré d'Igor Mitoraj (Per Adriano).

 

Plus tard, un autre clodo (longs cheveux, longue barbe, le physique de son non-emploi) me demande une petite pièce. Je lui réponds que, là, tout de suite, je n’en ai pas sur moi. Je continue ma route et l’entends dire :

 

-           La carte bleue alors ? 

 

Je me retourne vers lui. Nous rions tous les deux.

 

Je continue à monter et j’arrive non loin de la gare. Je sors un plan pour me repérer. C’est ce que je fais depuis deux jours, je marche pour mettre la ville dans mes pieds, pour faire naître la boussole naturelle. Un vieil homme me demande si je suis perdue. Je lui réponds que non, que je cherche à me perdre (difficile à Angers). Il m’affirme que ce n’est pas le plus bel endroit d’Angers. S’ensuit une longue conversation (intarissable, l’octogénaire) au sujet de cette ville de 150 000 habitants, sans tags (j’en ai vus !), du château du roi René, du Lac de la Maine, avec des écoles uniques en France dont celle des Arts et Métiers, pas loin de mon lieu de vie, de leurs bizutages qui ont mal tourné (des étudiants brûlés au bras, le renvoi des responsables, alors qu’il est si dur d’y entrer). Il enchaîne au sujet des concours pour fonctionnaires dont il a fait partie. Il m'informe que 80% des fonctionnaires (gendarmes, PTT…) étaient bretons (pas de boulot chez eux), comme lui, qu’on les prenait pour des ignares mais qu’ils étaient les premiers à l’école. J'aime son expression il y en avait autant qu’un prêtre peut en bénir  pour il y en avait énormément. Quand je lui annonce que je suis Belge, il s’étonne. Je suis zouloue lui aurait fait moins d’effet. J’entends déjà ce qu’il va me répondre :

 

-          Vous n’avez pas d’accent ?

Suivent ses images de la Belgique : pays froid, Comment

vous faites avec les flamands ?  Quand un enseignant flamand

veut enseigner en Wallonie ? Le bilinguisme lui semble

inconcevable. Régulièrement, il prends soin de vérifier si je

comprends certains mots :

 

-          Picoler, vous comprenez ?

 

Je lui assure que je pratique la chose parfois. Je l’informe tout de même que nous appartenons, lui et moi, à la même communauté, celle des francophones.

 

Arrive sa femme :

 

-          Madame est belge ! 

 

Madame ouvre grand ses yeux. Je les salue et continue ma route.

 

Plus loin, dans un salon de thé, la patronne nous dit avoir été témoin le samedi précédent d’un acte de vandalisme par des skinheads.

 

-         Ils s’attaquaient à tout ce qui représente la richesse, les banques, la boutique Armani… Toutes les vitrines et les distributeurs brisés. 

 

-          Et les flics ? demande un représentant.

 

-          Les flics, ils regardaient sans intervenir, de peur que cela tourne au vinaigre, qu’on les accuse encore d’une action trop musclée.

 

Douceur angevine ?

 

 

Soirée d’inauguration à la bibliothèque de Belle-Beille. Déco bucolique en toile de fond pour l’autrice. L’échevine au manteau rouge n’est pas venue avec sa mère-grand. 

Néhémy me passe le relais, tout en douceur et humour.

 

Lecture de quelques-uns de mes textes que j’écoute toujours comme s’ils étaient venus d’ailleurs. Entretien où je m’explique encore au sujet de la sensation d’imposture que moi, et d’autres, éprouvons. Imposteur au féminin ? Jouer à faire l'autrice ? Non, je ne me considère pas comme une intellectuelle (Dominique Rollin disait la même chose, je le lirai plus tard). Je laisse ça à d’autres. Simplement curieuse, vivante. (Jolies photos d'Isabelle Josse)

Petit stress des futurs participants aux ateliers d’écriture. Le mot « science » fait peur. L’un d’eux me confie qu’il a la sensation d’un gouffre s'ouvrant devant lui. Je ne le rassure pas : nous aussi, les auteurs, nous sommes devant un vide, de plus en plus grand à chaque fois, avant chaque début de texte, ne sachant pas où il va nous pousser, ni s’il va nous mener quelque part.

 

Repas à la Villa Toussaint. Néhémy commande un veau élevé sous la mère après avoir hésité sur le Filet de bœuf façon tigre qui pleure. Il nous commente ensuite ses aptitudes à la « chiantitude », autrement dit : la capacité de se faire chier sans s’en plaindre. Ennui qui s’avalait mieux au temps de l’adolescence et de la découverte des plaisirs solitaires, puis avec les nouvelles amours. Tiens… On n’a rien à faire… faisons l'amour ! Qu’est-ce qui remplace ça aujourd’hui ? Ecrire ?

 

 

 

 

Jeudi 04/10

 

Marche vers le Musée d’Histoire Naturelle. Pignon orné de villes en suspension non loin de la rue du Mail. Pignon coloré aux oiseaux.

 

Rencontre avec Benoît Mellier, passionné, passionnant : les gouttes de pluie fossilisées de 280 MA, les bombes de l’époque volcanique, le tuffeau et l’ardoise (le château du roi René est en grès jurassique et non en tuffeau comme certains le croient). Les roches des faluns (sables avec débris de coquilles et autres organismes littoraux roulés et brisés par les vagues) servaient à faire des chemins, des terrains de foot et, avant, les cours de récré (aïe les genoux !).

 

Les strates temporelles du musée : mairie, tribunal, mais aussi palais comtal au XIIIe (découverte des armoiries peintes au plafond en rénovant les combles), la proximité de l’église détruite, d’un cimetière, un ouvrier qui refuse de terrasser une cave où il tombe sur des restes humains. Que se cache-t-il derrière ces hauts panneaux de bois de la grande salle de paléontologie ? Un mur ? Quelque chose derrière le mur ? Impossible d’ouvrir pour le moment. On cultive le mystère. Le lieu est à l’image des fossiles qu’il renferme.

Histoire de l’aérolithe tombée dans le quartier de la Doutre, rue Gauvin, en 1822, volée le 30 juin 1839, revendue aussitôt, puis retrouvée à Liège par Charles Morren, professeur de botanique à l’ULG (revendue à Edouard Valloray, qui ne sera pas inquiété). Des morceaux dispersés dans le monde, le poids indiqué (par exemple, 1gr en Arizona).

 

Un reste d’humérus, une tête fémorale (qui s'avère être celle d'un cerf… mais qui reste associé aux restes humains) et une molaire du plus vieil homme d’Angers, l’homme de Roc-en-paille, découvert par le Dr Gruet, trouvé dans dans du « moustérien », daté de 40 000 BP, un néanderthalien. Des pierres sculptées par le vent : éolisation. Traces de dents de requins (ils perdent beaucoup de dents) sur les os fossiles.

Une mâchoire de loup à côté d’un bout de fémur de renne qui porte la marque de la dent du loup.

 Le procédé de Triger de fondation par air comprimé.

 

La découverte des restes d’un grand animal non encore déterminé. Il pourrait devenir un « taxon », le premier d’une nouvelle espèce, et il faudra lui trouver un nom. Chaque organisme a son taxon. La joie enfantine de cette découverte importante.

Chimères de Richard Rak.

Je sors avec les mots « réalgar » et « cinabre » qui me tournent dans la tête.

 

Retour vers le quartier de la Doutre. Je passe devant ce restaurant qui joue avec son nom : Lait Thym sel. Il n'est pas le seul, dans cette ville à jouer sur le sens des mots.

 

Jeudi soir, les étudiants s’apprêtent pour le « tonus ». Je les entends par la lucarne.

 

 

Vendredi 05/10

 

Matinée à Belle-Beille et au Lac de Maine, après-midi impromptu.

 Rendez-vous à 9h à la Maison de projet. Laïd vient à ma rencontre. Il est « agent de vie quotidienne». Autrement dit, l’ange gardien, le sheriff gentil, le liant de la sauce relationnelle entre les habitants du quartier. Il signale les dépôts clandestins, ce qu’il faudrait désherber, les voitures mal garées, envoie les photos via une application dédiée. Il informe aussi les gens qu’ils peuvent aller à tel endroit pour manger pas cher, pour rencontrer des gens, ou à tel autre endroit pour trouver des ouvriers qui s’occuperont de tailler la haie pas cher, ou réparer la voiture dans un garage solidaire.

 

Isabelle et Johann, bibliothécaires, nous rejoignent.

 

Je découvre le « Village chats », 27 chats pucés, stérilisés, nourris, avec une petite maison rien que pour eux, garnie de niches à chats, remplie de gamelles. Les chats sont un peu perturbés par la construction d’une nouvelle maison qui s’aménage pour eux, plus chic que l’autre. Pour les solitaires, des petits abris ont été aménagés dans les buissons. Brigitte, la responsable, nous en parle. On sent la passion et la ténacité pour avoir réussi à maintenir le lieu et à persuader les gens du quartier que c’était une bonne chose. Les chats une fois installés, d’autres ne viendront plus s’y ajouter.

 

Puis, nous marchons vers un resto solidaire, le « Resto troc » qui permet aux gens du quartier de venir manger pour pas cher, et, par la même occasion, de partager des moments avec d’autres personnes. Ce jour-là, un cours de gym douce y est donné. Nathalie , à l'accueil, fait la timide quand elle voit le micro. Derrière elle, une devise : A tout problème, il y a une solution. S’il n’y a pas de solution, il n’y a pas de problème.  Le responsable retrace pour nous la naissance du lieu. Au départ, quelques femmes qui avaient envie de se faire des petites bouffes ensemble. Et, maintenant, des tablées de 80 personnes, un personnel en formation cuisine, salle, entretien. On y parle beaucoup d’insertion.

http://resto-troc.fr/animation/restaurant-solidaire-dynamique/#4

 

Puis, le quartier des maisons Castor. Un projet initié par Christine Brisset pour le relogement des personnes qui se sont retrouvées à la rue après la fin de la guerre. Une longue histoire d'auto construction, en dépit des bâtons dans les roues par les autorités. Un film et une BD lui ont été consacrés. Actuellement, certains employés de la bibliothèque vivent dans ces maisons. Moins d’ouvriers qu'à l'origine. Plutôt la classe moyenne.

https://www.wiki-anjou.fr/index.php/Christine_Brisset 

https://www.humanite.fr/culture/la-memoire-retrouvee-de-christine-brisset-l-insoum-522229

https://www.actes-sud.fr/catalogue/lan-2/linsoumis

 

Visite d’un immense jardin partagé. Baux de trois ans, renouvelables selon les demandes. De jolis piments doux, beaucoup de tomates, des bettes…

Un autre jardin partagé, un « jardin de pied d’immeuble » nommé Le petit bonheur, un épouvantail, une brosse à cabinets comme un étendard dans sa main droite, un collier de bouchons en plastique.

 

 

Miguel et Bruno Foucal nous accueillent ensuite chez eux, dans un « habitat différent », habitat partagé par une petite vingtaine de personnes. Trop longue conversation à retranscrire, mais possible de l’écouter prochainement.      Leur site : http://hd49.wordpress.com

 

Repas à l’extérieur, avec Isabelle, chez « Ethic étapes ». Produits frais, locaux, en partie bio.

 

Isabelle me raccompagne à l’arrêt de bus. En roulant, je me rends compte qu’il ne va pas dans la bonne direction. Je vérifie la carte et décide de continuer sur ma lancée.

Je descends à Chevrière, balade le long de la Maine, gabarres, toues, thé chez Noé, déco de bois flottés sculptés en gueules de poissons.

Des ouvriers sont suspendus sous le pont pour le rénover tout en écoutant de la musique.

Au retour, l’exposition Hop/ à l'abbaye du Ronceray, près de chez moi.

 

 

 

 

Sa 06/10/18

 

Une porte entrouverte donne sur une belle cour multigonale, bicolore, en schiste, entourée de graviers. Une allée d’arbres. Un ancien cloître ? D'autres portes, ouvertes ou fermées, qui ouvrent toutes sur d'autres mondes.

 

Marché bio place Molière, bonhomme au chapeau rouge. Impossible de trouver Temps Zéro, ni à la librairie Contact, ni à la FNAC.

 

La Fontaine du dialogue de Gualtiero Busato, place Romain. Après « La causette » (spécialités africaines) près de chez moi, nous restons dans la conversation (l’un de mes projets d’écriture). De Busato, j’apprendrai qu’il avait commencé à réaliser une autre œuvre, une chaîne humaine, à la suite d’un mouvement de protestation contre un événement qui mettait en cause la présidente d’une maison de quartier qui avait tenu des propos racistes vis-à-vis d’un tunisien. Mais, ce sera un projet avorté, le sculpteur trouvant que cela ne lui correspondait pas. Dommage…

 

Passage par la cathédrale St Maurice devant laquelle une enseignante donne un cours d’architecture où sont évoqués les 24 vieillards de l’Apocalypse, les sages, des artistes dit-elle... Parmi ces vieillards : Hanani, Achija, Gad, Jeedo, Schemaeja, Iddo, Obed, Asaph, Aggee, Oded, Hanania, Habaruk, Agabus, mais aussi Joël, Ezechiel, Jeremy, Esaïe, Jonas, Elisée, Elie, Samuel. On dit que : ces vieillards [Anciens] sont des êtres spirituels créés par Dieu pour qu’ils soient ses sages et intelligents conseillers. Ils furent créés avant l’univers physique, avec les chérubins (Gabriel, Michel et Lucifer qui sont les trois seuls mentionnés dans la Bible), les séraphins, les quatre êtres vivants et les milliards d’autres anges qui sont au service de Dieu.

 

Pascale, à la Médiathèque Toussaint me le trouve, le Temps Zéro ! 

 

Retour par le Quai où se donne un cours de danse « boxe », en rythme, beaux pectoraux, quinquas courageuses. J'assisterai à ce type de spectacle d'autres jours. On aime la gym en foule, ici. Beaucoup de femmes, quelques hommes…

Joli marché de la Doutre St Jacques, place Grégoire Bouillon.

Passage par une ruelle où s’enchaînent des ombres félines en pochoirs. Une belladone dans un coin...

 

Dans la soirée, je lis « Belle-Beille » de Yann Krejci.                   J’y apprends que, le 24 janvier 1934, vers 16h (c’est précis), le jeune Claude Boischut, 13 ans, mange une pomme, regarde l’étang St Nicolas et voit sortir une tête étrange qui ressemble à celle d’un mouton, suivie d’un long cou de plus de deux mètres. Il devine un corps immense et une queue démesurée. Du coup, l’enfant laisse tomber sa pomme à l’eau, fin de l’apparition. Ses parents ne le croient d'abord pas. Mais, comme son récit est très précis, ils se décident à porter plainte contre « monstre inconnu ». S’ensuivit des spéculations diverses quant à l’origine du monstre. Ptérodactyle ? Communication par un long boyau souterrain avec le Loch Ness ? Les pompiers délèguent sur les lieux un contingent avec la pompe de premier secours au cas où ce serait un dragon… L’autoproclamé « comte » Georges Sigismond Gautron écrira : il faut donc admettre aussi un cousinage, un croisement peut-être, avec le grand ptérodactyle, ce gigantesque saurien ailé qui vivait à la surface des mers, parce qu’il était pulmoné et qu’il pouvait s’envoler et se transporter à de grandes distances… A lire cette histoire, on ne sait plus très bien qui fabule, l'auteur ou l'enfant ?

 

Le 12 avril 1907, Auberge Le chêne de la Palud et « Au point terminus », route de Nantes, assassinat de la Mère Gaspard (Mathilde Lecourt), 56 ans, par un vagabond. Stéphane Cadiot, le meurtrier, sera jugé en 1907, condamné à mort.

 

 

 

Dimanche 7/10

 

Jardin du Musée de la tapisserie contemporaine Jean Lurçat.

 

Clovis choisit le « lys des marais » (l’iris) comme symbole de la puissance royale. Depuis, le jardinage fait partie de la vie des moines. Un capitulaire De villis via curtis impériabilus de Charlemagne, en 795, liste les plantes utiles qui doivent être cultivées dans toutes les régions de son empire (peu de fleurs).

hortus conclusus, jardin clos utilitaire en opposition à l’hortus delicarium (jardin des délices) réservé aux nobles. Hortus = potager. Jardin bouquetier, jardin médicinal. A l’époque, les roses purgeaient, l’iris atténuait les douleurs de la vessie, le lys était résolutif (calmait, faisait disparaître), et la pivoine était indiquée pour traiter l’épilepsie… Divisé en parterres disposés en croix, un jardin d’Eden. L’eau, la pureté, en général présente au centre.

Comme l’Amérique n’étais pas encore découverte, pas de pommes de terre, de tomates, de piments , de poivrons, de haricots.

 

Quand je prends mon ticket, la chef caissière demande gentiment à l’étudiante de parler moins vite pour informer les visiteurs.

 

Une œuvre attire mon attention, des phrases brodées en filigrane sur une robe de Fanny Violet (La mémoire, une dentelle de mots), les visages tricotés de Marie-Rose Lortet (on frise l’art brut), l’eau fossile de Angra Augutinovica…

L'en-tête de ce blog, une broderie sur carte Michelin, est de Fanny Violet.

À l’étage, les oeuvres de Yves Millecamps. On dit qu'il fut d’abord impressionné par Le monde du silence de Cousteau. Puis, il se dirigea vers l’abstraction, une forme de géométrisation de l’espace, des labyrinthes chromatiques. Une œuvre menée avec té et équerre. Des titres inspirés des sciences naturelles, de la chimie : fission, minéragenèse, spadice, périthèce, mutation, pyrolyseNeptune, une œuvre mobile (un tour à la minute), qui a pu être vue aussi dans un décor du film L’ours et la poupée, avec Bardot. Des mélanges de matières (sacs, paille, tissus, laine…) de Josep Grau Garriga, le lien avec ses origines.

 

Avant d’entamer la visite du Chant du monde, un peu de vocabulaire pharmaceutique dans l’apothicairerie qui se trouve à l’entrée de cet ancien Hôtel-Dieu :

- thériaque, remède contre les morsures de serpent, chevrette, pot avec bec verseur pour sirops et miel, albarello, pot haut et concave au centre, inspiré par les contenants en bambou).

 

Nous sommes à l’hôpital St Jean, style gothique Plantagenêt (fin XIIe), des vitraux conçus en fonction de la course du soleil.

Fondé vers 1175, d’abord par des laïcs, puis repris par des religieux. Une capacité de 360 lits.

Avant de sortir du musée, j’essaierai d’apercevoir les ombres cachées par les colonnes, malades mourants, blessés couverts de bandages, peaux purulentes, corps déformés, parturientes… Le froid qu’il devait y faire en hiver.

 

Un métier à tisser, un miroir pour regarder l’endroit (on travaille sur l’envers), flute, peigne, gratton (pour rentrer les bouts de laine), duite (un aller-retour sur le métier), driadi (point en biais qui chevauche)

 

Jean Lurçat, après avoir vu la tenture de l’Apocalypse, semblait lire sur ces murs tendus de laine, nos lendemains, 1938. Lurçat, un artiste tombé du métier de la vie avant la fin de son œuvre.

Le chant du monde, 80 mètres de long sur 4m40 de haut. Tapisserie commencée en 1957, à Aubusson, terminée 10 ans plus tard. Une entrée dans la nuit et la lumière. Laquelle éclaire le mieux l'autre ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lundi 08/10

 

Balade jusqu’au château. Je suis le train en marche pour une visite guidée de la tapisserie de l'Apocalypse très nourrissante. La seule question à laquelle le guide ne peut répondre : sur quel type de support écrivait Jean ?

 

Plat du jour au Quai, au soleil. Le serveur est du type « donc nous allons sur une formule… »

 

Retour au Clos de la bouteille.

 

 

 

Mardi 9/10

 

Manifestations à Angers, bus perturbés. Rendez-vous avec Camille pour la rencontre avec les élèves du lycée Jean Monet (12 ans). On commence par évoquer les images de la Belgique (frites, moules, gaufres… Bruges quand même !). Parmi les dizaines de questions (est-ce que je vis de l'écriture ? depuis quand ? combien de pages ? des brouillons ? pourquoi ce titre? d’où vient l’inspiration ? combien de temps pour écrire le livre ? mon point de vue sur les adolescents ?mes rêves d’enfant ?) :

-   Est-ce que vous arrivez à concilier votre vie de famille et votre métier d’écrivain ? 

Si jeune, ça fait peur ! Je ne suis pas certaine que cette question aurait été posée à un homme.

Consigne d’écriture : écrire à partir de l’apparition du monstre vu par un enfant de 13 ans dans le lac St Nicolas, en 1934. Le point de vue du monstre ? Le point de vue de l’enfant ?

Avant de nous quitter, l’un des enfants me demande encore si c’est vrai que je ne mange pas souvent des frites ?

 

Retour un peu bordélique à cause de la manif. Campements de Roms le long de l’autoroute. Les hétérotopies en sont-elles encore quand ils y sont ?

Une vieille religieuse nettoie le trottoir des Servantes des pauvres. Mon appareil photo en devient bleu...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En me rendant au musée d’Histoire Naturelle, un « punk » invective lespassants :
- Tout ça, c’est bientôt fini, c’est la fin du monde, passez, moutons, 
passez, moutons !


Pascale m'assurera qu’il a été payé pour se mettre sur mon chemin
histoire de nourrir mon texte sur l’Apocalypse.

Atelier d’écriture dans la pénombre de la section paléo. Quelques
participantes n’aiment pas trop cet endroit. Lectures de Temps zéro
d’Italo Calvino et de Petite cosmogonie portative de Queneau,
dans la salle appropriée des fossiles et minéraux. 13 textes au sujet de "l’aube d’un monde", suivis d’une "ode" à ce même monde à la
manière du François d’Assises de Joseph Delteil. Ceux qui traîneront
pour sortir seront menacés d’être empaillés.
Une bière avec Pascale pour la contaminer de manière homéopatique.Le patron nous assomme de petites dames. Un gars nous 
demande du pain, on lui offre ce qui reste de fromage et charcutailles :- C’est bon de manger !
On salue le «petit garçon».
Retour avec… l’imprimante !


Mercredi 10/10
L’imprimante n’imprime pas…
Après-midi à la Maison de l’Environnement du Lac de Maine. 
Rencontre avec Doriane qui ne branche la sonnerie de son réveil que
sur des multiples de 5, et qui connaît depuis peu le principe de
rotation des cultures. Elle nous devance. Des personnages de mangas
tatoués sur ses mollets, bien au chaud sous les bas noirs, nous observent. On ferme la porte du potager pour que les lapins n’entrent pas. Pelles poétiques dans le jardin bio, écureuil content de « l’écuroduc », comme les crapauds qui ont leur « crapauduc ». Un fil tendu au-dessus de la route permet aux écureuils de traverser sans se faire écraser.
Alice n’est pas loin, la porcelaine, les tasses et les théières plantées en attestent (les lapins aussi). Elles me servent un breuvage pluvieux. De l'autre côté d'un cadre, Camille.

Des rondins invitent les feuilles mortes à venir s’asseoir avant de terminer leur chute. Ma mémoire retrouve le nom de l’amaranthe (comestible, mais pas forcément agréable au goût).

Lac de Maine. Des foulques ? Me manquent les jumelles. Mais pourquoi donc cette vaste mer de graviers au beau milieu du parc ?
Angers télé. 3’30 pour répondre à une dizaine de questions (entre les   dégustations de produits locaux à la gare St Laud et l'aménagement de deux lycées).
Au retour, un sans-abri d'une telle beauté, une forme de noblesse, de grâce dans la déchéance ? La sculpture d'un guerrier Massaï, 
Le guerrier debout d'Ousmane Saw trône non loin de la gare tandis que, dans le bus, une femme d’origine africaine tapote sur son Iphone.
 
Jeudi 11/10
Marc-Edouard Gautier, médiéviste, directeur adjoint de la 
Médiathèque Toussaint, me raconte « sa » tapisserie d’Angers, au château. Comme il était en retard, je demande à un homme qui semble avoir attendu, au pont levis de l’entrée, s’il est Marc-Edouard. Il me répond, amusé, avec un accent espagnol, qu’il aurait bien aimé être Marc-Edouard.
Parmi les nombreuses choses dites et enregistrées, avec d’un côté des petits de maternelle et, de l’autre, une visite guidée par ce même         conférencier dont j’avais admiré la récitation la fois précédente, je       retiens : le mouvement que les courants d’air devaient donner aux      personnages des tentures, un petit théâtre portatif dans une époque  où l’on n’était pas surchargés d’images, surtout les personnes de          condition modeste. A suivre pour l'écoute de l'enregistrement.
 
Depuis quelques jours, j’observe un vieux monsieur par la fenêtre de ma chambre. Il prend soin de ses dahlias. Il doit être soit veuf ou           célibataire : sèchent deux slips masculins, deux chemisettes et deux     chemises d’hommes. Tout cela est parfaitement ordonné, comme les   fleurs. Un curé ? 
Des tourterelles turques dominent la scène du haut d’un fil électrique.
Vendredi 
 
12/10
Dans la voiture, en route vers le SEVAH, Isabelle Josse me raconte         l’histoire d’un prisonnier oublié dans le château du roi René, au XVII ou XVIIIe. On continuait de le nourrir, mais l’administration l’avait oublié. Il a dû son salut à un médecin de passage. Il avait eu la force de ne pas devenir fou !
Louis XIV appelait cette forteresse "sa petite Bastille". 
Entre 1779 et 1781, on y a enfermé plus de 600 anglais. Elle fut cédée à l’administration des sites historiques en 1947.
 
Au  SEVAH, Brigitte Bouquin Sellès revendique le nom de « licière » et non de « licier » quand d’autres femmes n’entendaient pas le                féminiser. Visage rayonnant. Un métier racheté en seconde main à      Aubusson, il s’affaisse un peu par le milieu. Les enfants y font  des         crapauds (sautent un fil de chaîne). Ils y sont beaucoup plus calmes      (étonnement de leurs institutrices). Les enfants essaient mon casque  pour s’écouter. Certains tissent du « scoubidou », une forme de            récréation. Les autres ont le choix de la basse ou haute lice.
Resto « La canaille », décor vieille école, je suis seule. Le patron ne me lâche pas, papote. Il m’a vue sur Angers télé, mais ne m’a pas                 reconnue. Ce qui me rassure. Comme ceux qui me disent que je suis   mieux en vrai que sur la photo. Quatre nouveaux clients me délivrent. Le coucou qui sort par la petite porte chante neuf fois. Il me rappelle   celui qui se trouvait dans le salon de ma tante et qu’il fallait remonter chaque jour sans aller trop haut pour ne pas le bloquer.
 
Samedi 13/10
Le libraire, place de la Laiterie, me fait découvrir les peintures de          Frédéric Plisson à la suite de l’achat d’une carte postale, « La petite     maison Place du puits rond ».
La lessive à la laverie me rappelle ma vie d’étudiante.
Gym au Quai, une centaine de femmes, deux hommes suivent les quatre entraîneurs sur une estrade.
Marché place Grégoire Bordillon. J’y achète des "Chailleux drap d’or", des "Court pendu gris", des "reinettes du Canada".
I feel good aux cinéma Les 400 coups dans la rue Jeanne Moreau.
 
Dimanche 14/10
 
Avant de me rendre au rendez-vous avec Joël Glaziou, que je connais   via la revue Harfang qui publie des nouvelles (26 ans d’existence),  
passage par la Cale de la Savatte où arrive une hémorragie de personnes au T-shirt rose. Octobre rose, une marche pour
soutenir la recherche contre le cancer du sein. Une animatrice force tant le rire que ça en devient démoniaque (je l’enregistre et l'imagine bien dans mon Apocalypse).
 
Je retrouve Joël au musée David d’Angers. Abbatiale Toussaint, au        toit effondré depuis l’époque révolutionnaire, où l’on a remisé trop de choses dans les combles, puis restaurée, couverte de panneaux vitrés, rosace lumineuse. 
Professeur de français et de philosophie, il avait l’habitude de le faire visiter à ses élèves. Il me commente les œuvres, des plâtres qui ont servi de travail préparatoire pour les œuvres en marbre ou en bronze, plâtres marqués de points de repères métalliques qui permettaient de transposer l’oeuvre à l’échelle. Des œuvres à vocation pédagogiques. Marquis de Bonchamps est un chef vendéen qui a ordonné de libérer les prisonniers républicains, dont son père (qui avait emmené l’enfant avec lui sur le champ de bataille, enfant de 4 ans recueilli par les cantinières et les soldats). Cette libération était stratégique et permettait aux vendéens de ne plus devoir les nourrir.
Trente ans plus tard, il réalise la sculpture à la main levée (5 bonbons dirai-je à un petit garçon qui remarque les doigts écartés de l'œuvre en plâtre).
Sur le fronton du Panthéon, la « Patrie » au centre, Rousseau et Voltaire se tournent le dos, un coq ou un aigle ?
La préférée de Joël : La jeune grecque. David et Hugo, qui étaient amis, se baladaient dans un cimetière. Là, une petite fille déchiffrait les lettres d’une tombe. David en garda l’idée pour le monument érigé surle champ de bataille de Missolonghi, à la mémoire de Markos Botzaris,héros de la guerre d’indépendance contre les Turcs, entre 1921 et 1829.
Ma jeune grecque est à l’âge de la transition : la fillette pensive, lisant le nom d’un des libérateurs de son pays, sera femme dans une nation libre.
Bustes et médaillons suivent. Les médaillons étaient d’abord modelés en cire et s’inspiraient des théories physiognomoniques de son              époque. Bustes impressionnant de Goethe qui me fait penser à           Méduse. Peu de femmes. Hugo fort présent. Un majestueux Jean Bart domine le musée.
David suivait certaines de ses sculptures, leur disait « au revoir »,          notamment juste avant de mourir. Il est allé en Grèce et s’est ému des dégradations subies par sa « jeune Grecque » qu’il restaura du mieux  qu’il put.
Nicolas Gilbert, un projet de mausolée. Poète devenu fou qui s’étouffade la manière la plus romantique qui soit : en avalant une clé…
Retour à travers les rues désertes d’Angers. 
Le dimanche…
 
Lundi 15/10
 
Grandes manoeuvres sur la Maine. J'entends un passant dire :               - L'armée, c'est la deuxième France… 
Un gars avec des dreads jusqu’aux chevilles, chez Biocop.
Près de chez moi, il y a une fenêtre toujours ouverte, même tard le      soir. Elle donne sur une cuisine. Sur la table un plateau de fruits. 
A chacun de mes passages, je regarde ce qu’il y a dedans : tomates, pommes, poires… La tentation d’y passer la main pour y déposer quelque chose d’incongru : un livre, un autocollant de Timotéo… Des étudiants, sans doute, y habitent.
Une pensée vers la tapisserie de l’Apocalypse : qu’y représenterait-on à notre époque ? 
 



Mardi 16/10
 
Près de chez moi, il y a une Rom qui fait la manche devant la                   boulangerie. Elle semble y avoir ses habitudes. Douceur dans son 
visage. Défilent les étudiants qui viennent chercher un Panini.
Il y a une dame « fanfreluche », minuscule magasin d’abat-jours à         dentelles, pendeloques, pour la plupart roses. Du "Shaby chic". Elle estlà, confectionne pour des maisons de poupées. Une vie en rose qui melaisse rêveuse. 
Les chauffeurs de bus sont rarement aimables.
Rendez-vous avec Dorothée et Nicolas. Après les questionnements au sujet de l’école, des vaccins obligatoires depuis Macron, copain des      firmes pharmaceutiques, on discute de leur projet "Babel".
Atelier 2, à la bibliothèque Belle-Beille :

Apparition des premiers organismes vivants. Œuvres en papier de Rogan Brown à partir des formes de vie microcellulaires.

Chorale poético-scientifique.

Battle : « Pour la science contre la poésie », et inversement.            Lecture de V. Hugo, la poésie et la science / Les scientifiques s’inspirent de la littérature pour nommer : Quark (James Joyce), utilisent des figures de style pour exprimer leurs idées, crise mots avec le quantique les auteurs s’inspirent de la science.        Visionnement de Laurence Vielle, notre précédente poétesse nationale, La terre tourne

Sur un papier, dessiner un organisme unicellulaire imaginaire. Nommer cet organisme. Le passer à son voisin.

Lecture Calvino, Mitose, Temps zéro

Visionnement d’une mitose

Ecriture en deux temps :

 

1. début d’une vie unicellulaire. S’inspirer des souvenirs de la chorale de mots, puiser dans les livres.

Ecrire les sensations de votre organisme quand il apparaît, ce qui se passe au-dedans de lui. Ecrire en son nom et s’adresser à (soleil, eau, pierre…). Ne pas hésiter à inventer des mots.

 

Visionnement Nicole Ferroni qui  nous parle des atomes primordiaux qui nous composent tous .

Lecture du mythe d’Aristophane

 

2. Cette cellule (pour autant que ce soit une cellule) va se diviser, ou s’additionner… pour aboutir à un organisme vivant constitué de plusieurs éléments. Ne pas hésiter à jouer avec les mots scientifiques même s’ils ne sont pas complètement acquis, compris.

 

Ecriture sous influence après l’écoute de Tanya Tagaq, Uja

https://www.youtube.com/watch?v=0o5StBRPOI0&ytbChannel=Six%20Shooter%20Records

Echange des lectures, manière chorale, aléatoire (nous sommes 16, dont deux étudiantes)

Pour certains, cela ouvre le champ de l’écriture. Pour d’autres, cela les coince un peu : « c’est tellement autre, loin de nous, peu connu, mieux vaut ne pas savoir aussi… »

Les étudiantes, par contre, sont ravies. Cela les change et cela leur manque. Il y a bien un cours d’écriture « créative », mais il fonctionne avec des « devoirs » à remettre… Donc, elles découvrent qu’autre chose est possible !

 

Mercredi 17/10

Chez un brocanteur, un dessin au crayon représentant un soldat mort embrassé par la France en deuil. Glaçant.
Rendez-vous avec Violaine, responsable de l’événementiel dans les    musées de la Ville d'Angers. 
Dans le jardin de l'hôpital Saint-Jean, la druidesse armoricaine                (Ier siècle) Velléda (voyante, en gaulois) affiche un "contrapposto"       plutôt lascif.  Il paraîtrait qu'elle attend Eudore, un officier romain 
pour qui elle en pince.
Une œuvre d'Hippolyte Maindron (1801-1884), inspirée d'une œuvre de Chateaubriand, Les Martyrs ou le triomphe de la religion chrétienne (1809).
Velléda a vécu sous le règne de Vespasien. Personne n'avait le droit de croiser son regard, si ce n'était son entourage proche.
Considérés comme de véritables intercesseurs entre l'univers sacré et le monde profane, seuls ses parents avaient le privilège de l'approcheret de lui parler. Elle était la femme sacrée par excellence, et sa parole était considérée comme infaillible.
Violaine récapitule pour moi les consignes de sécurité, assez                  drastiques, emplacements à ne pas occuper en cas d’incendie, etc.       Cela semble compliqué, intermédiaires pas toujours fiables. 
Micro et résonnance d’église, petites lampes à clipser pour lire. Tenir compte du cocktail qui sera préparé dans la même salle et dont s'occuperont des huissiers assermentés (en présence des élus, rien ne doit fuiter de ce qui se dit en coulisse…) Ils sont discrets, ne feront pas sauter les bouchons en pleine lecture.
Dans la rue, une glycine en fleurs, des passiflores en fruits. Et il fait        toujours aussi beau.

 


*
Jeudi 18/10
A la radio : des lycéens n’ont pas voulu lire un livre d’Akli Tadjer,                           écrivain algérien, parce qu'il contient des mots arabes, et qu'il n'est pas écrit    par un Français... Cela justifie d’autant plus la venue de Yahia Belaskri, à             Angers.
Balade le long de la Maine vers le club Nautique, dans la direction de l’île 
St Aubin. Péniches, gabarres, un mémoire « oublié » sur un banc.
Repas au « Pt’it resto », Boulevard d’Arago. Extra.
Capharnaüm au cinéma Les 400 coups, rues animées.

Vendredi 19/10
Christine et Pascale en visite, café, croissants et… une imprimante qui 
fonctionne ! grâce aux doigts d’or de Christine
Samedi 20/10
Rendez-vous avec Frédérique Germanaud, au café Le Boudoir.              
Echanges de pratiques, et de livres. Découverte de la librairie Myriagone.
Promenade vers l'avenue Foch. Une dame obèse sur un appui de fenêtre pleurecomme une petite fille : 
- Je dors dehors, s’il vous plaît je dors dehors !

Comme un point d’exclamation qui fore le ventre et qui fait suite à la discussion avec Frédérique au sujet d’un projet de livre pour enfants où serait évoquée la figure de Christine Brisset qui, contre les lois, a permis de reloger descentaines de personnes.

L'amour flou aux 400 coups.

Près de chez moi, à l’abbaye du Ronceray, une expo-concert Je vœux dormir
avec toit au profit des associations qui viennent en aide aux SDF.
Ecouter ce que la rue me dit.

Dimanche 20/10
Balade matinale au parc Balzac, joggers, "cyclers". Dunes de verdures, petits      ponts, arbres numérotés mais non nommés, jeux de couleurs, trognes,                marais…Un héron au repos. 
Ville désertée le dimanche.
Même les clodos sont invisibles.
 
Lundi 21/10/18
Rendez-vous avec Annely de Radio G. Une bonnette crochetée sur son micro,    également un étui crocheté pour le magnéto.
Repas au quartier général, Le p’tit resto. Produits frais, régionaux, photos des   producteurs sur le mur.
Soirée théâtre au Quai : La luge de Schopenhauer de Y.Réza. Cours de danse     dans le vaste hall d'entrée, jeunes filles en collants sexys. Sur l'esplanade,          dehors, hockey pour les garçons.


Mardi 23/10
 
Balade dans les vieux quartiers où s’est rédigé l’édit
de Nantes. Je repense à ce que Joël Glaziou m’avait dit au sujet de certaines descaves creusées en deux étages, bonnes cachettes qui ne se devinent pas de la   rue.         
D
écouverte de la belle librairie « Myriagone », expo de photos de cyanobactéries.
Atelier d'écriture « autolouange », écoute de Jean Kabouta,à la résidence           l’Arceau. Pour une fois une majorité d’hommes et une seule femme, Nathalie,  qui s’est amenée avec une protection sur la tête en cas de crise. Il se faitqu’il y a plus d’hommes qui sont victimes d’accidents de laroute. Ici, ils sont tous des  problèmes cérébro-moteurs. 
J’arrive à déjouer un début de séance en blagues belges (frites dans les coins d’une pièce ronde...). Belle images, notamment un résident qui se compare à une cigale dont les ancêtres suçaient beaucoup de sève (alcoolisme). Nous ne sommes pas trop de trois pour accompagner l’écriture, soit parce que les main ne peuvent plus, soit parce qu’ils sontanalphabètes. Cela leur avait bien été dit avant l’atelier : on peut écrire sans savoir écrire. Et moi de citer des écrivains gitans analphabètes qui dictent leurs textes et publient chez Gallimard. L’un des participants raconte qu’on n’a pas voulu lui servir un café dans un bistrot parce qu’il est handicapé… Ils font peur... ?
Les résidents expriment le désir d’ateliers d’écriture plus éguliers. Ils sont OK    pour participer à la restitution de leurs textes en public avec les « valides », en novembre.
Soirée à la bibliothèque Lac de Maine avec l’atelier « Infuser la science et           écrire ». 
Nous botanisons.
Evocation des relations avec certains arbres, bienveillantsou moins. Le fromager en Guadeloupe, armé de piquants, abri des soukounians ou soukouyans (en savoir plus : http://www.dark-stories.com/conte-legende-antilles/le-soukouyan.html).
Beauté des flamboyants.
Dessins en groupe de jardins imaginaires.
Promenades intimes. J’incite les participants à rejoindre par l’écriture le feu qui les anime quand ils évoquent oralement leurs relations à certains arbres, à ne plus tenter de « bien écrire » pour retrouver leur "noyau". Petit passage par un extrait de l'almanach du père Peinard,anarchiste, langue « verte ». Essai douloureux pour les participants quand il s'agit d'écrire les prévisions pour l’hiver en dévergondant sa langue pour une autre,plus crue. Carences en argot, patois, mots que l’on dit « gros ».
On m’incite à aller visiter « Le jardin extraordinaire » et l’arboretum.                    Je pencherais plus du côté de l’arboretum.
Et je note ce que je dois ramener de chez moi pour la prochaine fois : des livres de Pierre Autin-Grenier, d’Alain Guyard, de Calaferte, de Jehan Rictus...

Mercredi 24/10
Je suis le conseil de Gisèle, après-midi à l’arboretum, petit, mais de beaux          remarquables qui me regardent de haut. 
Je reprends le bus vers le jardin botanique (pour rester dans la tonalité verte).
Je songe à Henri Poincarré, le mathématicien, qui eût une révélation au moment de poser son pied sur la marche d'un wagon. Une forme d'inspiration subite qui lui permit de résoudre le problème sur lequel il butait depuis longtemps.Pour trouver par quel bout prendre mon nouveau projet d’écriture, il doit aussi y avoir quelque part une forme d’empreinte dans laquelle je dois poser mon pied.
Une femme caressant une chimère, de Séraphin Denécheau (1866), voilà une belle suite au cheminement de mes pensées.
Alors, je continue de marcher.

 



Jeudi 25/10

Marché place Bichon le matin.
Parc Balzac au soleil couchant. Funambules, combat médiéval à l'épée aux alentours du Héron carré.
L'endroit où je devais poser le pied, je pense y être passée, hier. Un récit nouveau commence à transparaître à travers les brumes de mon esprit.


Vendredi 26/10

Longue papote avec Andréas Lemaire, le libraire Myriagone. On se découvre des fibres communes : le monde du vivant, l'urgence de l'action immédiate, le  pouvoir de "non achat"... Ce n'est pas chez lui qu'on viendra acheter le livre dont on a tant parlé dans la presse, la nouveauté de machin. Perles rares au sujet desquelles il peut parler avec enthousiasme.
Une belle édition des gravures d'Haeckel chez Taschen. Ne reste plus qu'à me trouver suffisamment d'amis pour me l'offrir (150€) ?

Carte blanche à la Maison de l'Environnement du lac de Maine. Une petite averse dès le début, puis on peut passer entre les gouttes. Lectures de textes inédits, plus Laurence Vielle, Guillevic, Jorn de Précy, Maeterlinck, Claude Durgoin (extrait de la magnifique revue Jardins initiée par M. Martella), JacquesTassin, Francis Hallé… Mots à faire pousser au printemps suivant sur des ardoises déposées dans le jardin bio. Petite phrase souhaitée à son meilleur ami (mais donnée à une personne inconnue présente) sur papier imprégné de  graines,rangées dans une enveloppe en origami à n'ouvrir qu'au printemps  prochain, puis à faire pousser. Certains ne tiendront pas jusque là avant  d'ouvrir leur surprise.

Samedi 27/10

Rendez-vous le matin avec Mariana Vivent, illustratrice d'origine chilienne. Elle cherche quelqu'un pour écrire à partir de ses dessins.

Nous parlons surtout de la vie, et de la mort. J'en sors avec des

papillons dans la tête, papillons de jour et de nuit.


Dimanche 28/10

Non loin de chez moi, un Hôtel des pénitentes où venaient se repentir des filles de mauvaise vie (de force ou volontairement)... Saint Nicolas n'est pas loin qui protège les petits enfants du vilain cannibale.                                                           

Peu de bus le dimanche… Départ vers la gare une heure avant le départ du train.

Retour chez moi, en Belgique.

Le lendemain, on mange des frites !



Novembre

Mardi 5/11 

 

Retour à Angers depuis hier. Courses. Préparation des prochains ateliers, rencontres… Chat surpris derrière une fenêtre. L'amour à gauche, la maternité à droite, 1909. Détails de porte. Enseignes d'établissements morts. Vierge Marie au coin d'une rue. Poème pour une paix qu'on espère moins mièvre que lui. Rage déchirante sur une affiche anti-fachos. Street art...

Le 6/11

 

Dans la matinée, j'enregistre une visite guidée pour des lycéens, au musée Jean Lurçat. Le chant du monde sonne plus juste depuis.

 

Quatrième atelier, le soir, à Belle-Beille

 

Thème du jour : L'instinct

 

Marcel Moreau, lecture d'extraits de La pensée Mongole

 

Vidéos :

Verbe et corps (Marcel Moreau et Denis Lavant) : https://m.youtube.com/watch?v=r5YdUq8e8sM

Cyril Cazemèze (The french zoomorphique, docu humanimal, Dans le regard d'une bête de Dominique Loreau)

 

Partir d’une conjonction de coordination (comme le "donc" de Marcel Moreau) tirée au sort (mais, ou, et, donc, or, ni, car).

Parler des arbres (le regret de Marcel Moreau est de ne pas en avoir parlé), en essayant de ne rien contrôler, en "usant" la conjonction, en prenant appui sur elle.

 

Lectures.

 

Echelle des êtres de Haeckel

 

Lecture de Triggve Kottar de Benjamin Haegel (un homme se métamorphose en élan)

Nom d'un animal, donner à sa voisine (idem pour lieu, et circonstance

Ecrire sa métamorphose (Vous êtes humain / Perceptions d’un changement / Constatation du changement Émotions dans lesquelles vous êtes / Réaction de l’entourage

Lectures reportées à l'atelier suivant

Lecture d'extraits de Le versant animal de J.C Bailly avant de nous quitter

 

Jeudi 8 novembre

 

Accueil de Yahia Belaskri à la gare.

Soirée en sa compagnie à la bibliothèque de Belle-Beille. Sont présents, parmi ceux que je connais ou qui m'ont été présentés, Frédérique Germanaud, Joël Glaziou, Salah Guemeriche… 

De beaux moments. Jolis portraits d'Isabelle Josse, bibliothécaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vendredi 9 novembre

 

Cale de la Savatte, boulangers à l'œuvre en vitrine.

 

Parc Balzac, vaches Higlands, poteaux penchés.

 

Couleurs d'automne.

Au Héron carré, fermé jusqu'à la saison prochaine, une affiche "Ateliers de l'Antémonde, à l'étincelle (inventer des futurs désirables)"...

 

Silvio et les autres, aux 400 coups.

 

Passage par la foire St Martin au retour pour rester dans le ton baroque du film.

 

 

 

Samedi 10 novembre

 

Un thé en compagnie de Frédérique Germanaud chez Ponpon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dimanche 11 novembre

 

Il pleut. Idéal pour écrire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lundi 12 novembre

 

Balade radio en compagnie de Benoît Mellier, conservateur au Musée d'Histoire Naturelle. Hors du temps, tous les temps du monde ici.

Couleurs du couchant par la fenêtre de mon petit logis sous les combles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mardi 13 novembre

 

Matinée avec les élèves des collèges Rabelais et Monnet. Restitution de leurs textes à partir de la légende du monstre qu'un enfant de 13 ans aurait vu dans l'étang St Nicolas, en 1934. Vaste salle, une soixante d'enfants. On ne peut pas dire que c'était intime. Option pour les timides : lire dans le dos du groupe. Un peu de travail pour porter la voix. Mise en confiance. Chaque histoire aurait mérité qu'on s'y attarde plus longtemps, qu'on la présente mieux, qu'on en fasse une pièce sonore, qu'on l'imprime, l'illustre… 

 

5ème atelier, bibliothèque du Lac de Maine.

 

Lecture des textes "métamorphose".

Visionnement d'extraits de documentaires animaliers, dont ceux de Jean Painlevé (anthropomorphisme, emphase, aventure, animal-objet, infantilisation…).

Lecture d'un extrait de "Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions ?" (Y comme YouTube).

Proposition : écrire un commentaire animalier à votre sujet ou au sujet de l'un de vos proches, comme si vous étiez filmés à la manière de ce type de séquences vues, en prenant un ton décalé, suranné, scientifique, didactique, clinique, aventure, suspens… Forcer le trait.

Lectures.

 

Lien vers le blog de la Médiathèque d'Angers : 

https://residenceangers2018.wordpress.com/

 

 

 

 

 

 

Mercredi, 14/11/18

 

Après-midi au Musée des Beaux-Arts. J'en retiens (photos) :

PA Willo (l'aumône ou la famille malheureuse), Louis Hersant (Le prophète Elie ressuscitant le fils de la veuve de Serephta), Emile Signol (Réveil du Juste, réveil du Méchant), Ingres (tête d'homme), Henri de l'Etang (Clotilde demandée en mariage par Clovis), Guillaume Bodinier (La demande en mariage / Jeune Italienne à la fontaine), Achille Vianelli, La campagne de Sannio), une Vierge à la caresse anonyme, Niccolo Frangipani (4 têtes riant et un chat), Rubens (Silène ivre), Van Staveren (Un philosophe dans un paysage), Pierre Mignard (La Vierge, l'enfant Jésus et St Jean-Baptiste), AF Desportes (Fleurs, fruits et animaux morts), Noël Hallé (Les génies de la Poésie, de l'Histoire, de la Physique et de l'Astronomie), JF de Troy (Bethsabée au bain / Vénus et l'Amour piqué par une abeille), JS Barthélémy (Eléazar préférant mourir que manger la chair défendue).

 

Puis (pas de photos) : Isidore Patrois (Jeanne D'Arc), Pierre Puvis de Chavannes (La Madeleine), J.B Carpeaux (portrait d'Anna Foucart), JJ Hennert (portrait de Laura Leroux), Daniel Tremblay, François Morellet (et sa théorie du pique-nique)…

Une marmotte (boîte à tiroirs des représentants de commerce qui, jadis, étaient parfois accompagnés d'une marmotte pour attirer le chaland).

 

Le soir, je vais vérifier au musée Jean Lurçat, proche de la foire St Martin, que les sons ne franchissent pas les murs… Cris, musiques… Une Apocalypse foireuse ? Non, tout va !

 

Par la lucarne de mon logis, entre deux toits, apparaît sporadiquement un engin lumineux qui flanque le vertige. Des cris perçants, surtout de filles...

Jeudi 15 novembre

 

Un bout d'après-midi avec des résidents de La Rose de Noël, à Belle-Beille. Evocation de la mémoire du quartier soutenue par des photos des années 80, à l'initiative de Morgane Bourricault. Une époque où, selon eux, la société était beaucoup plus conviviale, festive. Concours de pêche, courses de vélo, corsos fleuris… Une vie de village.  Mauvaise réputation du quartier contre laquelle il fallait lutter. Apparences trompeuses : placer une antenne sur le toit pour faire croire qu'on a une télévision (un luxe à l'époque). Une Odille "godille". 

 

Photo de Jacky Rousseau

 

Arrivée de mes amis, Walli et Siegfried.

Vendredi 16 novembre

 

Soirée remise du prix de la nouvelle par Joël Glaziou (Harfang) à Michelle Labbé.

Repas où elle évoque l'institutrice qui finira à l'asile de fous. Après la guerre, elle emmenait subitement les enfants à la cave pour les protéger des Allemands. Elle leur faisait porter des briques, bras en croix, en guise de punition.

Samedi 17 novembre

 

Minéraux et fossiles à la grange St Jean. Deux tapisseries de Lurçat.

Gilets jaunes.

Cris de la foire jusqu'à 1h du matin.

 

 

Dimanche 18 novembre

 

Arrivée de mes amies, Elise et Valérie.

J'entends la Marseillaise, entamée en chœur, de la terrasse. Elle passe en boucle. Effet Gilets jaunes ?

Soirée festive qui rompt avec ma vie quasi monacale de résidente.

Lundi 19 novembre

 

"Les chatouilles", aux 400 coups.

Mardi 20 novembre

 

Chat roux et tourterelles turques.

 

Expo de Donald Doupsis au Théâtre du champ de bataille. Regards miroirs.

 

Dernier atelier d'écriture à Belle-Beille. Mado avoue n'avoir pas écrit parce que trop prise par la découverte de "Friterie-bar Brunetti" de Pierre Autin-Grenier. Elle se demande pourquoi ce livre se trouvait sur la table, son propos ne concernant en rien les sciences naturelles. J'avoue : dans l'espoir que quelqu'un s'en empare. Une langue vivante à promouvoir, un ami à honorer. Une autre participante voulait se confronter à l'écriture "inutile", elle qui ne pratiquait que l'écriture pratique. Elle continuera. 

Mercredi 22 novembre

 

Après-midi au lycée Bergson, à Belle-Beille.

 

La vie de résidente ?

 

Nouveaux débuts, nouvelles fins, autre couverture pour "Mon cher ami". Parmi les questions : ce qui me passionne quand j'écris (j'évoque la difficulté plutôt que la passion", si je connais la fin (ah non, quel ennui ! fil rouge qui tire le récit). Etc.

 

Lecture d'un extrait du texte écrit en résidence où je parle d'une jeunesse démotivée, de mon rapport difficile, ainsi que celui de mon fils, à l'école. L'un des élèves me demande si je pense réellement ce que j'écris à ce sujet. Oui ! 

Un débat qui concerne autant les enseignants, soumis à de perpétuels changements de programme, que les élèves qui les subissent.

 

Atelier poésie, on visionne Laurence Vielle, Vincent Tholomé, Gherassim Luca, Maïa Chauvier, Milady Renoir. Etonnements, rires. Etre chaque séquence, ma question "qu'est ce que la poésie ?".  Nous partons de "rimes" pour arriver à "liberté", "rythme", "oralité"... Lecture de Ferlinghetti.

Puis, moment d'écriture.

 

Une stagiaire présente, très effacée, nous avoue qu'elle trouve l'état de sommeil plus intéressant que celui de veille. Troublant. Ecrire, créer, c'est, selon moi, rouvrir les portes du rêve en plein jour. 

 

Distribution des stickers poétiques de Timotéo Sergoï. Elèves ravis d'être autorisés à commettre un acte "interdit". Le premier sticker aperçu dès notre sortie de classe.

 

Jeudi 22 novembre

 

Hamsters et potimarron en liberté chez mes propriétaires.

Marché, place Bichon

Au retour, deux dames accompagnent une aveugle qui apprend à se laisser guider par son chien. Comment ne pas rester bloquée là où le chien éprouve un intérêt personnel… ?

Dorothée Saysombath répète de son côté au Lac de Maine.

Surprise !

 

Soirée à la Médiathèque Toussaint pour la rencontre avec Gwennaëlle Aubry.

Vendredi, 23 novembre

 

Lycée Bergson. Après un échange au sujet de l'écriture et du quotidien des bateliers, on aborde la langue de bois. Lecture d'un extrait de La dernière convocation, contexte. Visionnement de la scène de séduction en langue managériale extraite de ma pièce  Tout est bon. Un élève ne trouve pas ça trop décalé, pense même que cela peut être une manière "adulte" d'aborder la séduction…

Aïe !

Battle de mots entre adultes et élèves. Les lycéens gagnent. Ils auront appris les mots : Orblute, Cagou, Pignouf, Superfétatoire, Métaphysique... Nous aurons découvert : Poucave (une balance), Bicraveur (un dealer), Tchoin (une pute), Zbeul (le bordel, désordre), Tarpé (cul).

Un moment d'écriture pour rédiger un discours de Macron en visite au lycée avec les mots de la battle.

Une belle manière de terminer la semaine.

 

Samedi 24, dimanche 25, lundi 26 novembre

 

Intermède grippal. On m'apprendra plus tard que les ORL font fortune en Anjou.

Mardi 27 novembre

 

The Green Girls, à la Bibliothèque du Lac de Maine. Camille, Isabelle et Agathe. Avec, en guest star, Pascale Boucault.

Mardi 27 novembre

 

Lecture des textes d'ateliers par les élèves du Conservatoire d'Angers, classe de Stanislas Sophanor, en présence des participants, dont ceux de l'Arceau. 

Mercredi 28 novembre

 

Lecture de "Je travaille à me rendre aveugle", mon texte au sujet de l'Apocalypse, avec la complicité de la Compagnie à (Dorothée Saysombath et Nicolas Alline), au musée Jean Lurçat.

Une performance au vu de mon état de santé (et du temps de répétitions).

Vendredi 30 novembre,

 

Balade tranquille avec Joël Glaziou, le long de la Loire sauvage, dans les Mauges, au cœur du pays des Chouans. Les grèves, bancs de sable instables, sont dangereuses si on s'y aventure. Un groupe de scouts, il y a quelques années, y a perdu 17 enfants en voulant traverser à pied. Une personne avait réussi à passer sans risque, mais pas le groupe qui a fait s'effondrer un pan de sable, remous mortels… Cet événement a fortement marqué les habitants de la région.

 

La Pointe, partie de boules de fort. Un jeu né dans les cales des bateaux quand ils étaient vides. D'où la piste incurvée. Lenteur et extrême précision. Pantoufles obligatoires.

Il y a, dans la région, un autre jeu de boules : les boules de sable.

 

Île de Béhuard, l'église Ste Marie bâtie sur un rocher volcanique veiné de quartz, un tronc en coeur de chêne solidement cerclé, des chaînes de galérien libéré des maures en ex-voto,  lieu de pèlerinage. Joël nous explique que l'île est inondée chaque année et que les habitants ont tous une barque pour se déplacer, leurs affaires relevées avec des poulies. 

 

Puis, St Florent le Vieil, arc-en-ciel sur l'Abbaye, expo 14-18, maison de Julien Gracq (une prochaine résidence ?), librairie Parchemins.

 

 

 

 

Dimanche 1er décembre

 

Quelques cormorans qui canotent.

 

Des forains qui font leur lessive...